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Interview - Régis PASSERIEUX, commissaire délégué à la transition industrielle, écologique et énergétique de la zone Fos-Berre

Régis Passerieux, nouveau commissaire délégué à la transition industrielle, écologique et énergétique de la zone Fos-Berre en région Provence-Alpes-Côte d'Azur, prend les rênes à un moment décisif. Notre région fait face à des transformations majeures, il a pour mission de guider la transition vers des pratiques plus durables et innovantes.

23
October
2024

Quels sont vos prérogatives à travers cette nouvelle fonction ?

Cette fonction consiste à impulser la politique territoriale industrielle de l'État dans le domaine de la transition industrielle, écologique, énergétique et de la décarbonation de la zone Fos-Berre, en interaction avec les autres territoires environnants, sous l'autorité du préfet. Cela implique de mobiliser tous les services de l'État, mais aussi, et surtout, de créer une équipe avec l’ensemble des partenaires publics et professionnels : la région, la métropole, les maires et les fédérations professionnelles. Il s'agit de mettre de la cohérence et de la dynamique dans un moment crucial, car il est essentiel de réussir cette transition. Le but est de s'assurer que tout s'emboîte bien dans une gouvernance efficace, afin de ne pas perdre de temps et de garantir le succès de la transition. C’est un défi, car elle se déroule très rapidement. Il faut être capable de prendre collectivement les bonnes décisions. Cela implique également de suivre les concertations, les débats locaux et d’accompagner l’interface de Provence dès que possible, notamment pour valoriser le rôle des industriels. En résumé, il s'agit de consolider et de renforcer, dans ce moment de transition, tout le savoir-faire industriel et les potentialités de ce territoire.

Les chantiers sont nombreux, mais si vous deviez nous citer trois chantiers prioritaires pour entamer ce mandat, quels sont-ils ?
Les trois chantiers prioritaires pour ce mandat sont, tout d'abord, de mettre en place une équipe de gouvernance, une gouvernance en équipe. Nous avons déjà bien avancé sur ce point et attendons le rapport des inspections générales, qui sera publié mi-octobre. Il est crucial de franchir une étape en matière de cohésion, et je pense que nous sommes sur la bonne voie, car nous avons déjà beaucoup travaillé.

La première étape sera la production, d’ici la fin de l’année, de la feuille de route que nous élaborons collectivement. Le deuxième chantier consiste à mobiliser des moyens d'expertise, de développement, des leviers et des ressources de promotion. Il est essentiel de rassembler ces moyens au sein de la collectivité, de créer des synergies et de disposer d’un levier pour impulser un rythme à nos actions. Ce point vise à donner immédiatement un élan à la démarche avec les moyens nécessaires.

Enfin, le troisième point est de débloquer les grands dossiers indispensables, notamment les grandes infrastructures nécessaires au développement industriel : les infrastructures énergétiques, de transport, ainsi que celles liées à la formation. Il est essentiel que chacun se sente motivé pour faire avancer ces projets le plus rapidement possible. Nous serons particulièrement attentifs au débat de zone prévu pour le milieu de l’année 2025, qui permettra à tous les acteurs, de Gardanne à Manosque, en passant par Fos-Berre, de réfléchir ensemble à la meilleure manière de connecter le territoire avec des infrastructures solides, favorisant une innovation efficace. Voilà les trois priorités, mais il en existe bien d'autres.

Comment embarquer les acteurs de la société civile et les habitants du territoire dans cette dynamique aujourd'hui ? On le voit, les dernières consultations sont un peu plus complexes que les premières.
Je pense qu'il y a une usure due aux consultations, car elles sont très centrées autour de projets successifs. Cinq ont déjà eu lieu, notamment dans le cadre du projet Fos-Salon, sous l'égide de la CNDP. Six autres sont en préparation, dans la lignée de la concertation RT de Fontaine, et cinq restent à venir, avec des enjeux majeurs, comme les projets de GRT-Gaz ou le terminal CO2 d'Elengy. Tout le monde est impliqué, ce qui rend le cadre complexe à appréhender pour les populations.

La volonté du préfet est de clarifier cette situation en organisant un débat global et général sur le territoire. La CNDP sera saisie à cette fin, ce qui permettra de remettre de l'ordre dans les esprits et de donner une vision d’ensemble. Un deuxième objectif est de rendre public le travail du laboratoire territorial, réalisé avec les parties prenantes locales. Ce laboratoire a déjà travaillé sur les besoins immédiats et a élaboré un scénario à long terme pour 2040, soit une vision de ce que pourrait devenir le territoire. Désormais, il est nécessaire de restituer ce travail aux habitants. À partir de l’année prochaine, une exposition itinérante sera organisée sur l'ensemble des territoires pour partager ces avancées, en collaboration étroite avec Provence Fabrique des Possibles.

Vous faites le lien avec ma dernière question. Qu'attendez-vous de cette démarche et des acteurs mobilisés, entreprises et organisations professionnelles ?
Il est crucial que Provence Fabrique des Possibles incite et encourage les industriels à participer massivement aux rencontres sur l'inventaire territorial. Elle doit démontrer, au niveau national et européen, toute l'importance stratégique des plateformes industrielles de la région, en particulier autour du pôle majeur de Fos-Berre.

Cette démarche est essentielle pour faire comprendre que cet enjeu dépasse les frontières locales et s'inscrit dans un cadre national et international. Enfin, Provence des Possibles doit être un partenaire incontournable de tous les événements sur le territoire liés à l'industrie, en veillant à ce que les industriels y participent pleinement. Outre l'exposition itinérante, d'autres événements importants auront lieu, comme des salons et des rencontres. Il ne faut pas que ces initiatives soient uniquement institutionnelles ; il est crucial que chaque événement soit l'occasion de parler de projets concrets.