Renforcer l’attractivité des métiers industriels : un enjeu majeur
Une analyse de Sonia Bellit, directrice des études de l'Institut Enterritoires pour Provence Fabrique des Possibles.
En Provence, une centaine de dirigeants industriels et d’organisations professionnelles de premier plan se sont unis autour d’une démarche commune, "Provence, Fabrique des Possibles"pour soutenir le développement d’une industrie décarbonée sur le territoire.
Dans ce cadre, Emilie de Lombares, résidente du Directoire d'Onet, entreprise internationale d'ingénierie et de services créée il y a plus de 160 ans à Marseille, a soulevé la question centrale des compétences et de l’attractivité des métiers industriels.
Avec plus 10 000 emplois annoncés d’ici 2030 en Provence, elle a en effet rappelé l’impérieuse nécessité de trouver des profils qui aient une appétence aux métiers industriels et aux services associés alors que le secteur souffre encore aujourd’hui d’un déficit d’image et d’une pénurie de compétences. Selon Emilie de Lombarès, il ne fait pourtant guère de doute que l’industrie « offre la chance de faire carrière en évoluant dans des métiers techniques proposant très souvent un quotidien passionnant dans des lieux impressionnants ». Cette réalité est encore trop souvent oubliée, voire méconnue, par le grand public.
Cette note de l’Institut Enterritoires propose de revenir sur les freins et les leviers en matière de compétences dans le secteur industriel.
En dépit d’un nombre important de postes à pouvoir, l’industrie peine à recruter. En juillet 2022, la proportion d’entreprises industrielles déclarant des difficultés de recrutement a atteint 67 %, niveau le plus élevé depuis 1991, selon l’Insee. Pourtant, d’après une étude de La Fabrique de l’industrie retraçant les trajectoires des ouvriers, l’industrie offre, à qualification égale, de meilleures perspectives de carrière que le secteur tertiaire. Au cours de leur cinq premières années de vie active, les jeunes ouvriers sont, en moyenne, mieux rémunérés et plus souvent à un poste qualifié (Mini, 2018).
Selon Emilie de Lombarès, les entreprises industrielles ont, en effet, une « réelle capacité d’apprentissage ». Son entreprise, Onet, qui travaille étroitement avec le secteur industriel, a «cette chance d’intervenir dans différentes industries et de pouvoir créer de véritables parcours professionnels à ses salariés ». Ce paradoxe entre, d’un côté, des opportunités de carrières attractives et, de l’autre, des besoins en recrutement non satisfaits a plusieurs explications.
Déconstruire les poncifs qui desservent l’industrie
D’abord, le secteur industriel souffre d’un déficit d’attractivité. Malgré les nombreuses initiatives visant à réhabiliter l’image de l’industrie, travailler « à l’usine » reste synonyme de conditions de travail difficiles faites de tâches fragmentées et répétitives.